Nathalie Cuvelier Abstraction(S), l'art qui naît d'une approche totalement instinctive

Nathalie Cuvelier Abstraction(S), l'art qui naît d'une approche totalement instinctive

Olimpia Gaia Martinelli | 9 avr. 2022 5 minutes de lecture 0 commentaires
 

La production artistique de Nathalie Cuvelier Abstraction(s), totalement instinctive et dominée par la couleur, est le résultat d'un dialogue abstrait qui s'est développé entre les collages de papier "flottants" et les sculptures en céramique...

création de sculpture (© Kolet) 

Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir un artiste ? Quel est votre parcours ? 

Fascinée par la musicalité des formes et la splendeur des couleurs de la lithographie du peintre Maurice Estève à l'entrée de ma chambre, c'est enfant que j'ai commencé le collage peint abstrait, sous l'influence de mon père, lui-même artiste abstrait amateur et excellent coloriste. J'ai continué dans la voie de l'abstraction en suivant, à 15 ans, l'atelier du plasticien et ami de mes parents Pierre-Yves Bohm, à l'École des Beaux-Arts de Tourcoing (59). En 2014, le cours de Culture visuelle sur l'Art contemporain de Maniasuki Frezin et l'atelier Expérimentation plastique de François Martinache, au Centre d'Arts Plastiques et Visuels de Lille (59), m’ont amenée à agrandir mes formats et à introduire davantage de lyrisme et de gestuelle intuitive dans mes compositions. En 2015, parallèlement au collage, j'ai débuté le modelage de la terre au Garage 47, avec Élisabeth Halloo Joye (Villeneuve d'Ascq - 59). Pour mieux appréhender le volume, j'ai suivi, en 2018, une master-class de céramique à la plaque de Gisèle Buthod-Garçon au centre Kéramis de La Louvière (Belgique), et je me suis initiée à la sculpture dans la masse auprès de Joël Strill, à Vannes (56). Depuis, je continue d’approfondir ma recherche personnelle en modelage dans l'atelier de sculpture de Caroline Chopin à Saint-André (59), avec qui je partage un espace depuis l'été 2021 au sein du collectif d'artistes les Ateliers Jouret à Roubaix (59). Cela m'a incitée à devenir artiste professionnelle en octobre 2021, d'autant plus que j'ai suivi en parallèle un parcours de formation à l'art entrepreneuriat (Cohorte ArtxTerra 2020).

La Danse - © N.C

Quelles sont les 3 choses qui vous différencient des autres artistes ?

Le dialogue abstrait qui s'est instauré entre mes collages papier "flottants" et sculptures céramique, dans une approche totalement instinctive, où la couleur règne en maître. Un univers totalement abstrait pour les collages, alors qu'une sorte de "figuration abstraite" s'invite fréquemment dans les sculptures. Le rapport étroit entre la création plastique et les mots que l'on retrouve souvent déstructurés jusqu'à en devenir motifs abstraits dans les collages et des titres qui font souvent "image", à base de références, artistiques, culturelles, humoristiques…

Votre inspiration, elle vient d’où ?

Il suffit que je me mette en "état de flow" (ce qu'Anton Ehrenzweig avait identifié sous le terme "scanning inconscient") et que je me laisse porter par un album de musique (jazz, opéra, baroque, tango, rock, variété…) pour que les lignes, formes, couleurs s'associent facilement, en toute spontanéité. Ce qui vaut pour les collages ainsi que pour la sculpture. J'aime établir des correspondances "barrées & baroques" avec d'autres formes artistiques ou culturelles : musiques, mythologie, objets archéologiques, imaginaire romanesque, imagerie de l'enfance…

Parlez-nous de la conception de vos œuvres, avez-vous un long travail préparatoire ou est-ce assez spontané ?

Je ne réalise jamais aucun travail préparatoire. Je fais confiance à mon intuition, (télé)guidée par le scanning inconscient. Et les mains se mettent en mouvement !

création de collage (© Marc T.)

Que voulez-vous montrer à travers votre travail ?

RIEN : il s'agit d'un travail purement esthétique sur les rapports entre formes et couleurs ! Une certaine idée personnelle de l'esthétique revendiquant une filiation certaine avec l'Art moderne et les grands artistes abstraits (Estève, Herbin, Poliakoff, Léger, Nevelson, Moore, Bram Van Velde…). Avec, en creux, mon désintérêt profond pour l'Art contemporain ou conceptuel.

Dans votre travail utilisez-vous des techniques ou matériaux qui sortent de l’ordinaire ?

J'utilise des matériaux très "humbles" et finalement assez écologiques : papiers de récupération, argile. Plus naturellement, acrylique, craie grasse, encre, marqueurs, crayon… Mais je fixe les collages sur un matériau qui leur donne une connotation plus contemporaine : la plaque d'aluminium laquée, façon Dibon.  Je réalise des collages "Flottants" que je ne fixe pas entièrement, pour jouer sur les ombres et de légers reliefs, de façon à ce qu'ils se libèrent pour "dé-coller de la peinture" et "sortir du cadre", tout en échappant à l'enfermement car je refuse en général les incontournables passe-partout !

Avez-vous un format de prédilection ? Pourquoi ?

Mes sculptures "plafonnent" pour l'instant autour des 25/30 cm de haut car j'ai malheureusement été "formatée" petits formats dans le 1er atelier de modelage où j'ai été initiée… Concernant les collages, je ne dépasse pas 1,20 m x 80 cm pour des raisons de praticité. 

Et Paf ! - © N.C

Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre travail ?

Je ne souhaite pas tomber dans le "séducteur", le "décoratif", le "narratif" ou le "clinquant", ce qui semble très vendeur actuellement… et entretient une confusion assez délétère entre art et décoration. Sans fausse modestie, mes créations s'adressent à des amateurs sensiblisés à une certaine culture artistique.

Comment travaillez-vous ? Chez vous, dans un atelier partagé, dans votre propre atelier ?

Dans plusieurs ateliers chez moi : un pour les collages, un autre pour la sculpture. Aux Ateliers Jouret et dans l'atelier de sculpture de Caroline Chopin.

Le travail d’artiste vous amène t-il à beaucoup voyager ?

Non. Mais j'ai souvent voyagé pour assouvir des besoins culturels personnels.

Wor(l)ds in Piece 6 - © N.C

Quel a été le plus beau moment de votre carrière ?

Lorsque mon père et le plasticien et professeur aux Beaux-Arts de Tourcoing Pierre-Yves Bohm m'ont encouragée à poursuivre le collage alors que je n'étais qu'une enfant. 

Comment voyez-vous votre travail dans dix ans ?

Comme un approfondissement de ce que j'expérimente depuis plus de 40 ans : le collage abstrait, avec un prolongement en sculpture semi-abstraite qui aura atteint une grande maturité. Avec, pourquoi pas, une incursion dans les NFT ?

Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Planifiez-vous bientôt une exposition ?

Actuellement, je travaille à "m'exposer davantage" en diffusant davantage mes créations sur les réseaux sociaux, le web ! Tout en poursuivant les créations : collages flottants et sculptures abstraites colorées. J'ai plusieurs participations à des expositions collectives qui sont "dans les tuyaux" en région lilloise… Et une en Belgique : en juin 2022, exposition collective "Intemporelle II", au Château de Bourgogne à Estaimbourg.

MicMac  - © N.C

Si vous aviez pu créer un chef-d'œuvre de l'histoire de l'art, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?

Un véritable talisman qui a décidé de ma destinée artistique : l'aquarelle de Maurice Estève qui m'accompagne depuis mon enfance. Car c'est parce que je ne pouvais pas être Estève que j'ai commencé cette quête d'art éperdue !

Si vous pouviez inviter un artiste célèbre pour le dîner (mort ou vif), lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?

Daniel Spoerri, pour coller et emporter ensuite en souvenir la table, témoin de nos agapes !

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