Jean-Paul Fermet, un besoin naturel fort de s’exprimer

Jean-Paul Fermet, un besoin naturel fort de s’exprimer

Olimpia Gaia Martinelli | 6 juil. 2023 6 minutes de lecture 0 commentaires
 

Rien ne m’a poussé à créer ou à devenir artiste, c’est seulement un besoin naturel fort de s’exprimer, d’extérioriser et de matérialiser mes propres émotions...

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer des oeuvres d'art et à devenir un artiste ? (événements, sentiments, expériences...)

Rien ne m’a poussé à créer ou à devenir artiste, c’est seulement un besoin naturel fort de s’exprimer, d’extérioriser et de matérialiser mes propres émotions.

Quel est votre parcours artistique, les techniques et les sujets que vous avez expérimentés à ce jour ?

Dans ma vie « photographique », il y a eu plusieurs grandes périodes. Tout d’abord la première fût celle de l’apprentissage, de la maitrise de l’outil et de la technique. Ceci m’a conduit vers la photographie que l’on appelle « humaniste », celle qui témoigne puis une grande et longue période de travail avec l’univers de la danse contemporaine et puis la dernière, celle dans laquelle j’évolue maintenant : la narration séquentielle mise en scène et scénarisée.

Quels sont les 3 aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?

Un univers aux limites du surréalisme, des couleurs très saturées et toujours un message engagé derrière les images.

D'où vient votre inspiration ?

L’inspiration vient naturellement en réaction au monde qui nous entoure avec au centre de la réflexion « l’humain ». C’est une véritable obsession.

Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou sentiments voulez-vous évoquer chez le spectateur ?

Il est assez difficile en photographie de parler d’art singulier mais je me revendique avant tout comme artiste expressionniste. En effet, je cherche à exprimer mes émotions et mon état d'esprit de manière subjective et intérieure, plutôt que de reproduire fidèlement la réalité extérieure comme ‘ai pu le faire il y a longtemps dans la photographie dite « humaniste ».Pour résumer mon travail photographique est très proche de la photographie conceptuelle. Elle met l'accent sur la création d'images qui expriment une idée ou un concept de manière imaginative et originale pour susciter la réflexion et la discussion.

Quel est le processus de création de vos oeuvres ? Spontané ou avec un long processus préparatoire (technique, inspiration des classiques de l'art ou autre)?

Le processus de créations des images est très proche de celui que l’on peut rencontrer au cinéma. : scénarios, repérages, storyboards, préparations, prises de vues. C’est en effet un cheminement assez long et parfois complexe. Je travaille toujours par séries d’images. Ces séries racontent toujours des histoires qui chacun sera amené à interpréter à sa manière en fonction de son propre vécu.

Utilisez-vous une technique de travail particulière ? si oui, pouvez-vous l'expliquer ?

La photographie et les traitements numériques associés permettent de créer des images. Je revendique ce terme, créer des images puisqu’il ne s’agit pas de témoigner ou de montrer la réalité mais de créer un univers totalement personnel pour amener le public à se questionner.

Y a-t-il des aspects novateurs dans votre travail ? Pouvez-vous nous dire lesquels ?

Je ne sais pas si c’est un aspect novateur mais en tout cas c’est une réalité puisque j’ai fait un choix artistique particuliers depuis 7 ans maintenant. Après la rencontre de Nathalie FATON en janvier 2016 pour un travail photographique sur la notion de survie. Le duo FERMET & FATON s’est instantanément formé. Nous travaillons depuis naturellement en totale collaboration et symbiose. Toutes les images sont depuis signées FERMET & FATON. On retrouve essentiellement et sur toutes les créations la présence de cette femme sublimée telle une héroïne de Comics ou de mythologie. Les images sont très souvent chargées de symbolique que le spectateur doit chercher et décoder. Aucun décor, aucun accessoire ne se trouve sur l’image par hasard.

Avez-vous un format ou un support avec lequel vous êtes le plus à l'aise ? si oui, pourquoi ?

Je présente très souvent les images en très grands formats avec l’idée d’avoir le ou les personnages à l’échelle 1. Sinon j’aime à varier les formats et les supports en fonction des images. Je conserve une petite préférence pour les impressions sur papier d’art. Certainement une rémanence du passé par rapport aux nombreuses heures passées en chambres noires pour faire à l’époque mes propres tirages noir et blanc.

Où produisez-vous vos oeuvres ? A la maison, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier? Et dans cet espace, comment organisez-vous votre travail de création?

Toutes les images sont réalisées dans de véritables lieux divers et variés en France ou à l’étranger. Toutes la préparation et le travail post prises de vues se passe chez moi dans mon « atelier salon bureau », une pièce de vie et de créations. Ma vie tourne à 200 % par et pour la recherche et la création des images.

Votre travail vous amène-t-il à voyager afin de rencontrer de nouveaux collectionneurs, pour des salons ou des expositions ? Si oui, que cela vous apporte-t-il ?

Bien sûr, pour montrer mon travail et rencontrer le public, je fais de très nombreuses expositions et salons d’art. J’ai besoin de cette confrontation ou réaction cela fait partie de la démarche d’autant que derrière chacune des images créées il y a un message.

Comment imaginez-vous l'évolution de votre travail et de votre carrière d'artiste dans le futur ?

Après les différentes périodes de créations photographiques dont je parlais au début de cette interview, je pense qu’après toutes ces années j’ai trouvé ce que j’ai cherché depuis très longtemps, peut-être la quête d’une vie de création et de recherche d’images. Il y a maintenant tant d’histoires à raconter, tant de séries d’images à créer avec cette technique. Le champ des possibles parait si vaste et infini. Il peut peut-être y avoir une petite évolution avec l’ajout de la dimension du son pour enrichir cet univers photographique. J’ai déjà tenté quelques expériences en la matière, celles-ci pourrait devenir plus systématiques et maîtrisées.

Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernière production artistique ?

La dernière série s’appelle "La femme caméléon". C’est une série d’images qui veut mettre en avant la difficulté d'être soi-même et de s'adapter dans le monde dans lequel nous évoluons. Le système voudrait nous mettre dans un moule, nous cloner et nous étiqueter. Surréaliste, décalé ou singulier, peu importe, c’est une façon de s’interroger qui défend essentiellement l’idée de liberté. Ne pas chercher à se fondre mais être soi-même tout simplement. Au final, surtout ne pas se mentir ni aux autres. Le risque serait de s’intégrer en surface tout en se désintégrant en profondeur. L’assimilation forcée à une collectivité est une mise en danger de son être. L’oubli de son moi profond … de la femme invisible à la femme caméléon. C’est de la souffrance et une lente autodestruction.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience d'exposition la plus importante ?

Il y en a tellement et si différentes les unes des autres. Il y a eu par exemple en 2022 quatorze lieux d’expositions et de salon différents. ça va des expos classiques à des installations complexes, des lieux intimistes à ceux plus remarquables comme le grand palais ou le musée d’art fantastique de Bruxelles.

Si vous aviez pu créer une oeuvre célèbre dans l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?

Une oeuvre globale plutôt, dans le monde de la bande dessinée, celle d’Enki BILAL. Paradoxalement, ce n’est pas un photographe mais je suis un enfant comme je dis un enfant « métal hurlant ». J’ai été marqué au fer rouge. Ce fût un véritable choc culturel et artistique.

Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (mort ou vif) à dîner, qui serait-ce ? Comment lui proposeriez-vous de

passer la soirée ?

Sans hésiter, et en toute logique bien sûr, il s’agit encore et toujours d’Enki BILAL !! Qui sait peut-être qu’un jour l’occasion se présentera ! Égoïstement, j’aimerais tant qu’il parcourt mes images, et qu’il en fasse une critique, une analyse. J’imagine un moment simple, convivial et sincère comme si nous nous étions côtoyés depuis toujours.


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