Photographies et célébrités : une longue histoire d'amour

Quelques photos de Clark Gable avec des chiens @thejoyofsound

D'où vient notre "faim" compulsive de ragots ?

Le culte des célébrités, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est un phénomène coutumier né et développé au cours du XXe siècle, qui consiste en un processus de "déification" d'un individu, dont l'image devient une icône symbolique et omniprésente dans la vie des gens ordinaires. Ce culte est étroitement lié à certaines caractéristiques de la société de consommation, telles que le développement des médias de masse et l'augmentation du temps libre, qui ont favorisé une exposition médiatique accrue de la vie des personnes célèbres, afin de divertir et d'assouvir la curiosité des consommateurs. Mais quelle est la source de notre faim de ragots ? La perfection apparemment immortelle des célébrités nous offre une échappatoire commode, simple et indolore à la réalité, qui, tout en favorisant un sain sentiment d'appartenance culturelle, est capable de nous lier plus étroitement à la communauté des individus. Malheureusement, l'accès facile aux images des "stars" a entraîné une telle dépendance que ce "pouvoir" est largement diminué. Cependant, dans le passé, le portrait de célébrités a souvent été le seul moyen pour les fans de se "connecter" et d'obtenir des informations supplémentaires sur leurs favoris.

 Boris Karloff maquillé en Frankenstein, vers 1931. @frankesteinfinds

Photographie, célébrités et potins : une longue histoire d'amour

Bien que le lien entre photographie et célébrité soit historique et indéfectible, jamais notre compréhension des célébrités n'a été autant façonnée par les images photographiques qu'aujourd'hui, grâce à l'avènement d'Internet et de plateformes telles que Facebook et Instagram. Si l'on se penche brièvement sur l'histoire de cette relation, on constate que les premières photographies de célébrités étaient prises dans des studios de photographie, dans des poses très formelles. Plus tard, à mesure que la vitesse de l'obturateur de l'appareil photo augmentait et que la technologie progressait, de nouvelles façons de représenter les célébrités ont été expérimentées, donnant lieu à des portraits soigneusement structurés, visant parfois aussi à révéler la personnalité qui se cache derrière le visage célèbre. C'est précisément cette dernière intention qui a distingué la photographie à partir du milieu du XXe siècle, dans le but de satisfaire la curiosité croissante du public pour les "rois" et les "reines" d'Hollywood. C'est dans ce contexte qu'est née la photo intime de Clark Gable en compagnie de son setter irlandais. Prise vers 1941, elle donne un aperçu du caractère et de la vie personnelle de l'acteur américain, brisant les frontières entre le spectateur et le sujet. Par la suite, un autre type de photographie de célébrités est devenu populaire : l'acteur est immortalisé alors qu'il est déguisé en son personnage le plus célèbre, comme l'image de Marlon Brando jouant Stanley Kowalski ou Boris Karloff déguisé en Frankenstein. En d'autres occasions, les photographies ont pu capturer un moment fugace qui est ensuite devenu iconique et viral, comme le photographe Michael Putland, qui a capturé David Bowie pendant un spectacle, et Sam Shaw, qui a pris la célèbre photo de Marilyn Monroe dans une jupe flottante.

Sam Shaw, Marilyn Monroe pendant le tournage de The Seven Year Itch, 1954. @marilynmonroe

Dans les coulisses : la jupe volante de Marilyn Monroe

En 1954 pour être précis, il y a quelque soixante ans, l'actrice américaine Marilyn Monroe a hypnotisé une foule de spectateurs curieux avec le flottement séduisant de sa robe blanche emblématique pendant le tournage du film The Seven Year Itch. Une question se pose alors : comment se fait-il que cette image soit familière même à ceux qui n'ont pas vu le film ? La réponse se trouve dans les photographies prises par Sam Shaw, qui ont immortalisé à jamais cet événement sensuel. Selon les sources de l'époque, le photographe, qui était un ami de Marilyn depuis plusieurs années, a demandé au réalisateur du film, Billy Wilder, de prendre des photos de la scène afin de promouvoir le film. L'idée de la jupe papillonnante est également attribuée à Shaw, qui avait déjà utilisé une astuce similaire lors d'une précédente séance photo réussie. Ainsi, derrière le chef-d'œuvre photographique que nous connaissons tous, il y a l'étude, la recherche, l'expérimentation et la réflexion d'un grand professionnel, visant à obtenir un grand et immortel succès médiatique.

Denni Stock, James Dean à Times Square, 1955. @stoned_n_hungry_

Dans les coulisses : James Dean à Times Square

Une autre des images les plus emblématiques du XXe siècle est sans aucun doute la photographie prise par Dennis Stock en 1955, qui montre l'acteur américain James Dean marchant dans Times Square (New York), vêtu d'un long manteau et serrant une cigarette entre ses dents. Ce chef-d'œuvre de la photographie est né de la rencontre de Dean avec Stock lors d'une fête organisée par le réalisateur Nicholas Ray à l'hôtel Château Marmont de Los Angeles dans les années 1950. C'est à cette soirée que l'acteur a invité le photographe à une avant-première de son nouveau film, East of Eden. Stock, impressionné par les performances de ce jeune talent prometteur, a suggéré à Dean de créer une biographie visuelle, une série de photographies documentant la vie de l'acteur : de ses racines dans l'Indiana aux théâtres de New York, en passant par son ascension à Hollywood. La photo de Times Square représente une partie de ce projet novateur, qui est devenu l'un des plus connus de l'histoire de la photographie de cinéma. Enfin, l'image de New York se distingue également par l'objectif poursuivi par Stock : faire sortir Dean de ses personnages, capturer l'homme et non l'acteur.

Art contemporain : interprétations innovantes 

Les artistes d'Artmajeur n'ont pas résisté à l'idée de nous proposer des interprétations contemporaines et très personnelles des photographies emblématiques de Marilyn Monroe et James Dean, en s'essayant à la réalisation de tableaux colorés et novateurs, destinés à donner un nouveau souffle à la grande tradition culturelle du XXe siècle. Cela ne devrait pas surprendre, car les sujets et les perspectives photographiques ont souvent influencé la conception et la création d'œuvres d'art, tout comme de nombreuses photographies ont présenté des images qui ressemblent littéralement à des tableaux.

Yury Korolkov, 293, 2021. Acrylique / feutre / tempera sur toile, 100 x 100 cm.

Yury Korolkov : 293

La peinture sur toile de l'artiste d'Artmajeur Yury Korolkov nous offre une belle réinterprétation du chef-d'œuvre photographique de Sam Shaw, où la nouvelle présence de dessins colorés, décidés à contempler avec admiration la sensuelle actrice américaine, fait ironiquement allusion à la foule de spectateurs chanceux du tournage de The Seven Year Itch. En conséquence, l'interprétation de Korolkov, également enrichie par la présence de cœurs rouges et d'une écriture allusive, se prête à reproposer, dans un langage contemporain tendant vers le Pop Art, le grand impact que la beauté de l'actrice américaine a eu sur les masses au XXe siècle. Enfin, dans la conception et la réalisation très étudiées de 293, Marilyn Monroe a été spécialement immortalisée, comme le fond derrière elle, dans des nuances de noir et de blanc qui, indéfinies et intemporelles, sont parfaites pour conférer l'éternité à l'actrice iconique.

Mirek Kuzniar, James, 2020. Huile sur toile, 90 x 60 cm.

Mirek Kuzniar : James

La peinture sur toile de l'artiste d'Artmajeur Mirek Kuzniar est une interprétation très originale de la célèbre photographie de James Dean à Times Square, où un style pseudo-expressionniste intense, riche en couleurs vives, plonge l'acteur américain dans une atmosphère presque contemporaine, au sein de laquelle triomphent les signes lumineux de la société de consommation. En effet, dans ce nouveau contexte chromatique, le chef-d'œuvre de Dennis Stock perd définitivement son intemporalité pour nous raconter une histoire qui s'adapte parfaitement à notre quotidien. Ainsi, le travail de l'artiste d'Artmajeur représente une clé nouvelle, innovante et originale pour interpréter la photographie emblématique des années 50.